Hypersomnie dépression
Hypersomnie et dépression impactent énormément le quotidien de la personne qui en souffre. La dépression est une maladie mentale, classée parmi les troubles de l’humeur. Elle se caractérise principalement par un sentiment persistant de tristesse intense, par la perte d’intérêt ou de plaisir dans les activités habituelles agréables. La dépression a également un impact négatif sur le sommeil, la fatigue, l’appétit, les performances (intellectuelles, mémorielles, etc.) et l’image de soi. Les difficultés à bien dormir, la fatigue, la baisse d’énergie associée à la tristesse et une baisse de motivation générale provoquent très fréquemment des troubles du sommeil tels que l’hypersomnie et l’insomnie.
Dans cet article, nous passerons en revue les différentes formes de troubles du sommeil, une présentation des causes et symptômes de l’hypersomnie, et enfin, les différentes pistes de traitement ou de prévention des problématiques liées au sommeil.
Dépression et troubles du sommeil
Il existe un large éventail de troubles affectant la capacité d’une personne à dormir régulièrement et de manière réparatrice. Les patients atteints de dépression rencontrent des troubles du sommeil de façon quasi inévitable. En effet, le sommeil et l’humeur sont étroitement liés : les symptômes dépressifs contribuent au développement de troubles du sommeil, et des perturbations du sommeil peuvent exacerber les symptômes dépressifs.
Insomnie : un symptôme dépressif fréquent
L’insomnie se caractérise par une difficulté persistante à s’endormir ou à rester endormi une nuit complète. Elle peut être aiguë (de courte durée) ou chronique (de longue durée). Les signes principaux sont des difficultés au moment de l’endormissement, des réveils nocturnes fréquents, des réveils très tôt le matin sans possibilité de se rendormir pour finir sa nuit.
Les insomnies sont souvent le fruit de ruminations, d’anxiété et d’angoisses, en lien avec les causes et les symptômes de la dépression.
Hypersomnie : un symptôme dépressif fréquent
L’hypersomnie se caractérise par une somnolence importante en journée ou un sommeil prolongé la nuit. Les signes principaux sont une somnolence diurne excessive, un besoin ou une envie constante de faire des siestes fréquentes, des difficultés à rester éveillé pendant la journée.
La dépression peut conduire la personne dépressive à se réfugier dans le sommeil pour fuir son contexte de vie ou ses ruminations angoissantes.
Trouble du rythme circadien : symptôme de dépression saisonnière
Un trouble du rythme circadien se produit lorsque l’horloge biologique d’une personne est décalée par rapport au cycle jour/nuit, en raison de la diminution de la lumière naturelle et du manque de soleil en période hivernale. Les signes principaux sont une grande difficulté à s’endormir et à se réveiller aux heures « normales », de la somnolence diurne et de l’insomnie nocturne.
Les troubles du rythme circadien peuvent générer une dépression hivernale (TAS hivernal : trouble affectif saisonnier). Cet état dépressif survient de façon cyclique entre novembre et mars en général.
Autres troubles sommeil pouvant conduire à un état dépressif
La narcolepsie est un trouble du sommeil chronique caractérisé par une somnolence diurne extrême et des épisodes de sommeil apparaissant soudainement. D’autres signes peuvent se manifester : une perte soudaine du tonus musculaire (cataplexie), une paralysie du sommeil, et même parfois des hallucinations hypnagogiques (au moment de s’endormir) et hypnopompiques (au moment du réveil). Vivre avec cette maladie très invalidante peut générer des symptômes dépressifs.
Les troubles de l’apnée du sommeil peuvent également augmenter le risque de développer une dépression. On distingue deux types d’apnée du sommeil. Il y a l’apnée obstructive du sommeil (AOS), elle se manifeste par des interruptions du sommeil dues à un blocage des voies respiratoires, ce qui provoque des pauses respiratoires pendant le sommeil. Les symptômes observés sont de forts ronflements, des pauses respiratoires pendant le sommeil et une somnolence diurne excessive. Il y a aussi l’apnée centrale du sommeil (ACS) qui est due à une perturbation du mécanisme de contrôle respiratoire central, ce qui conduit à une cessation périodique de l’effort respiratoire pendant le sommeil. Les symptômes observés sont des réveils nocturnes fréquents, des difficultés à l’endormissement, une respiration irrégulière pendant la nuit.
Le syndrome des jambes sans repos (SJSR) est un trouble neurosensoriel qui se caractérise par une envie irrésistible de bouger les jambes. Ce syndrome peut possiblement générer un trouble de l’humeur en raison des perturbations chroniques du sommeil qu’il génère. La personne atteinte de SJSR a un besoin irrépressible de bouger les jambes (surtout le soir et la nuit), et elle éprouve à leur niveau des sensations gênantes et désagréables qui ne peuvent être soulagées que de façon temporaire et uniquement par le mouvement.
Les parasomnies peuvent générer du stress et de l’anxiété, ce qui peut conduire à des symptômes dépressifs dans certains cas. Il existe plusieurs types de parasomnies : les terreurs nocturnes, le somnambulisme, et parler pendant son sommeil. Les terreurs nocturnes sont des épisodes de peur intense et de panique survenant pendant les phases de sommeil profond. Elles s’accompagnent souvent de cris, de pleurs intenses, de confusion et d’absence du souvenir de l’épisode au réveil. Le somnambulisme intervient généralement pendant les phases de sommeil profond : la personne qui fait du somnambulisme se lève, marche et réalise des activités pendant son sommeil, sans en avoir le souvenir à son réveil. Parler pendant le sommeil (murmures, discours incohérents) : la personne n’a pas conscience de ce qu’elle dit et ne se rappelle de rien à son réveil.
Hypersomnies : formes et symptômes
Faire de l’hypersomnie implique une somnolence excessive pendant la journée, un sommeil prolongé la nuit. Les personnes hypersomniaques ont des difficultés à se réveiller le matin, y compris après une longue période de sommeil, des moments de somnolence pendant la journée malgré des siestes, et des difficultés de concentration.
L’hypersomnie peut être causée par certaines maladies neurologiques (dont la dépression), par des troubles du sommeil (tels que l’apnée du sommeil), par des effets secondaires liés à la prise de certains médicaments, ou encore par l’abus d’une substance (alcool, drogues). Il existe plusieurs formes d’hypersomnies et le traitement dépend de la cause.
Hypersomnies primaire : hypersomnie idiopathique et narcolepsie
L’hypersomnie primaire est un trouble du sommeil chronique qui n’est pas causé par une maladie ou d’autres troubles du sommeil. C’est le cas pour l’hypersomnie idiopathique et pour la narcolepsie.
Une hypersomnie idiopathique se caractérise par un besoin de beaucoup dormir pendant la nuit, et par une somnolence diurne excessive et persistante malgré un sommeil suffisant la nuit. On dit qu’elle est idiopathique car elle survient sans cause connue ou apparente.
La narcolepsie est un trouble neurologique chronique affectant le contrôle du sommeil et de l’éveil de la personne. Les perturbations neurologiques provoquent des somnolences diurnes excessives et soudaines, de la cataplexie (engourdissements, paralysies brèves), des paralysies du sommeil (incapacité de bouger ou de parler pendant quelques secondes à quelques minutes), et des hallucinations hypnagogiques et hypnopompiques.
Hypersomnie secondaire : hypersomnie comme symptôme
On parle d‘hypersomnie secondaire dans deux cas : lorsqu’elle est un symptôme d’une maladie, ou lorsqu’elle est un effet secondaire suite à la prise d’un médicament. Les symptômes hypersomniaques peuvent être variables selon les situations.
Pour la dépression, nous sommes en présence d’une hypersomnie secondaire car elle est provoquée par la maladie. Les patients dépressifs peuvent dormir bien plus que la moyenne des gens car le sommeil peut être considéré comme un refuge apportant du réconfort. Néanmoins, le confort immédiat ressenti crée de l’inconfort. L’hypersomnie induit souvent un renforcement du repli sur soi, de l’isolement social, de la procrastination sur les tâches quotidiennes. Elle entretient ou aggrave les autres symptômes dépressifs : estime de soi, alimentation approximative, sentiment de culpabilité et d’inutilité, baisse des performances (la personne est “ramollie”).
Syndrome de Kleine-Levin et autres hypersomnies
Le syndrome de Kleine-Levin (SKL), aussi appelé hypersomnie récurrente, est un trouble rare qui se manifeste par des épisodes récurrents d’hypersomnie excessive, allant parfois jusqu’à 20 heures de sommeil par jour. Le syndrome de Kleine-Levin se caractérise aussi par des comportements aberrants (désinhibés et impulsifs), une consommation excessive de nourriture (hyperphagie) et une hypersexualité.
Une insuffisance chronique de sommeil génère une somnolence excessive en journée, de l’irritabilité et des difficultés à se concentrer : c’est une hypersomnie due à une privation de sommeil. Le manque de sommeil finit par provoquer une énorme fatigue, puis un épuisement général chez l’individu et devenir pathologique.
A la suite d’une lésion cérébrale traumatique, un patient peut présenter un besoin immense de sommeil, et de la somnolence diurne : c’est une hypersomnie post-traumatique.
Hypersomnie dans la dépression : les causes
Les patients atteints de dépression peuvent présenter des symptômes hypersomniaques pour plusieurs raisons, en voici quelques-uns des principaux :
– une réponse comportementale face aux douleurs émotionnelles liées à la dépression. Certaines personnes peuvent réagir à la douleur émotionnelle en dormant davantage, en utilisant le sommeil comme une échappatoire.
– des déséquilibres chimiques dans le cerveau ainsi que des déséquilibres hormonaux peuvent affecter les habitudes de sommeil et conduire à l’hypersomnie.
– une perturbation des rythmes circadiens : dans les cas de Trouble Affectif Saisonnier (TAS hivernal) les rythmes biologiques naturels peuvent être perturbés, notamment le cycle « veille-sommeil ».
– un manque d’activité physique : la dépression implique souvent une réduction de l’activité physique, ce qui peut à son tour affecter la qualité du sommeil et augmenter les chances d’hypersomnie.
– des prédispositions génétiques et héréditaires à la dépression et aux comportements liés au sommeil.
– des effets secondaires d’un traitement médicamenteux pour la dépression (antidépresseurs, anxiolytiques, sédatifs, hypnotiques, etc.) ou pour une autre maladie.
Hypersomnie : traitement et prévention
Dans les cas où l’hypersomnie est un symptôme de la dépression, vous pouvez tenter et combiner plusieurs approches pour atténuer les symptômes dépressifs et hypersomniaques.
Ces astuces peuvent être utilisées en prévention lorsque vous sentez que votre rapport au sommeil commence à battre de l’aile (niveau durée, qualité, etc) : essayez de mettre en place certaines choses avant l’utilisation de médicament, pour éviter l’accumulation de molécules.
– Pratiquez des techniques de relaxation pour calmer votre esprit et apaiser vos émotions négatives, cela favorise un sommeil de qualité, réduit la fatigue et la somnolence en journée. Vous pouvez essayer la méditation, le yoga, des exercices de respiration, etc. (en salle avec un professeur, en vidéo tranquillement chez soi : c’est au choix).
– Misez sur une hygiène de vie saine : mangez équilibré et faites régulièrement de l’exercice physique. Ces habitudes, simples mais efficaces, peuvent parfois faire des merveilles en améliorant non seulement votre humeur mais aussi votre sommeil.
– Faites de votre chambre un « sanctuaire de repos » : sombre, calme, accueillante et « Feng shui ». Établissez votre routine de sommeil (un rituel pour le coucher et un rituel pour le réveil), afin que votre corps intègre quand il est temps de s’éteindre et quand il est temps de se réveiller.
– N’oubliez pas que vous n’êtes pas seul(e), pensez au soutien psychosocial. Vos proches, famille ou amis, pourraient vous soutenir et vous encourager durant cette période difficile : en vous passant un coup de téléphone matinal pour vous réveiller et éviter que vous vous recouchiez, en ayant une écoute attentive non jugeante, etc. Il y a aussi l’option groupe de parole pour ceux qui veulent.
– Si c’est la période hivernale, osez la luminothérapie. Parfois notre horloge biologique a besoin d’un petit coup de pouce, alors exposez vous à une lumière vive à des moments stratégiques de la journée, cela pourrait aider à réinitialiser votre horloge interne.
– Tentez une approche psychothérapeutique, spécifiquement la TCC (thérapie comportementale et cognitive) ou encore un accompagnement avec la méthode en activation du changement. Cela peut vous permettre de réduire l’hypersomnie et les symptômes de dépressions. Vous pourriez travailler sur vos habitudes et vos perceptions à l’égard du sommeil afin d’apprendre à dormir « juste ce qu’il faut ». Et surtout pour travailler sur la cause sous-jacente de votre hypersomnie, l’origine de votre état dépressif. La méthode Oser le Changement est basée sur des techniques de reprogrammation mentale telles que l’hypnose et sont d’un grand soutien pour émerger d’une dépression.
– Si ces démarches comportementales se sont avérées insuffisantes et que vous vous sentez très mal, consultez votre médecin traitant pour une approche pharmacologique, ce dernier peut notamment vous prescrire des médicaments visant à stabiliser votre humeur et à rectifier vos éventuels déséquilibres chimiques.
Si vous pensez faire de l’hypersomnie alors que vous n’êtes pas en dépression, il est important de consulter un médecin afin d’avoir un diagnostic précis. Votre médecin traitant pourrait vous faire pratiquer des analyses médicales (bilan hématologique, hormonal, thyroïde, etc.) pour écarter les causes physiologiques. Il pourrait aussi vous adresser à un confrère neurologue ou à un spécialiste des pathologies du sommeil, afin de réaliser des tests spécifiques tels qu’une polysomnographie et un MSLT (test itératif de latence d’endormissement).
Les patients dépressifs sujets à l’hypersomnie sont nombreux. Malgré la quantité de repos (nuits, siestes, somnolences), la qualité de sommeil n’est pas au rendez-vous. Les personnes hypersomniaques se sentent fatiguées et éprouvent la sensation de manque de sommeil. Dans le cadre des maladies mentales, les problèmes de sommeil sont récurrents. L’hypersomnie, en particulier, peut devenir une échappatoire aux ruminations, aux émotions douloureuses, aux pensées négatives. Vous pouvez mettre en place plusieurs solutions : des séances de relaxation, l’amélioration de l’hygiène de vie, l’élaboration de rituels de sommeil et de réveil, des séances de luminothérapie, quelques séances en TCC ou en thérapie brève avec la méthode Oser le Changement, le soutien social, et enfin, la médication. Si vous décidez de prendre des compléments alimentaires, homéopathie, plantes, etc. Il est indispensable de demander l’avis de votre pharmacien ou de votre médecin afin de vérifier qu’il n’y a pas d’interaction avec vos traitements médicamenteux contre la dépression ou vos autres médications.
FAQs :
J’ai besoin de beaucoup dormir la nuit et des envies de siestes pendant la journée. A partir de quel moment on considère que cela devient anormal ?
Les besoins de sommeil sont différents suivant les personnes. Cependant, si sur une période prolongée et constante, vous dépassez 10 heures de sommeil nocturne par jour, avec le sentiment de ne pas avoir assez dormi, il serait préférable de vous rapprocher de votre médecin traitant pour faire le point.
Quel est le médicament le plus prescrit pour les accès importants et fréquents de somnolence en journée ?
Le Modafinil, mis au point par un laboratoire français sous l’appellation princeps de Modiodal, est prescrit dans le cadre du traitement de la narcolepsie. Il s’avère efficace pour diminuer les accès de somnolence en journée. Il agit sur le symptôme mais pas sur la cause. La prescription initiale doit être faite par un neurologue ou par un médecin d’un Centre du Sommeil. Le renouvellement peut être fait par un autre médecin mais toujours en référence à cette prescription initiale.
Mon conjoint, sobre et sans addiction, me semble de plus en plus distrait et sur le point de s’endormir en journée. Y a t-il une pathologie possible comme l’hypersomnie derrière ce comportement?
Votre conjoint semble, d’après vos observations, traverser en journée des phases d’hypovigilance, c’est-à-dire un état intermédiaire entre le sommeil et la veille. Les causes peuvent être multiples et ne signalent pas forcément une pathologie d’hypersomnie déclarée. Conseillez à votre conjoint de voir avec son médecin traitant si les causes de ces accès de somnolence relèvent d’un traitement ou de simples modifications d’hygiène de vie.
J’ai des problèmes de sommeil avec une torpeur difficilement gérable en journée et je finis par douter de moi. On m’a parlé d’hypnose pour ce type de trouble, est-ce efficace ?
L’hypnose est reconnue pour améliorer la qualité du sommeil. Elle pourrait vous permettre de retrouver un sommeil beaucoup plus réparateur ce qui diminuerait votre somnolence et vos accès de torpeur en journée.
Les Cabinets Oser le Changement peuvent vous proposer un accompagnement basé sur la pratique de diverses techniques, dont l’hypnose. Cet accompagnement pourrait vous aider à équilibrer vos besoins en sommeil et à retrouver confiance en vous.
Est ce qu’il existe des normes de durée de sommeil ?
Ce qui compte c’est l’efficacité du sommeil, à savoir si votre sommeil est vraiment réparateur et que vous n’avez pas de crises de somnolence en journée. Certaines personnes sont de « court dormeurs » et 6 à 7 heures de sommeil les rendent parfaitement équilibrées sur le plan physiologique. D’autres sont qualifiées de « long dormeurs » et ont besoin de 8 à 9 heures de sommeil pour atteindre cet équilibre physiologique.
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