Dépression respiratoire

La dépression respiratoire est une anomalie physiologique impactant les fonctions respiratoires indispensables à la vie, à savoir la ventilation et l’échange d’oxygène et de dioxyde de carbone entre l’air et le système circulatoire sanguin. Elle est dangereuse et peut conduire à la mort. Elle se manifeste brutalement sous forme d’insuffisance respiratoire, c’est-à-dire que les fonctions respiratoires sont réduites. Concrètement, cela occasionne une diminution de l’absorption d’oxygène et une augmentation du dioxyde de carbone dans l’organisme. La dépression respiratoire nécessite une prise en charge immédiate. Elle peut être causée par une maladie ou par la prise de certaines substances (médicaments ou drogues).

Vous trouverez dans cet article une présentation de la dépression respiratoire : symptômes, causes et possibilités de traitement pour y faire face à cette maladie.

Dépression respiratoire, c’est quoi?

L’organisme d’une personne en dépression respiratoire est caractérisé par un taux en oxygène diminué et un taux en dioxyde de carbone augmenté. Cette réduction des capacités respiratoires est souvent due à une inhibition de l’activité du centre respiratoire orchestré par le cerveau. La respiration est principalement régulée par le système nerveux central, et spécifiquement dans une région appelée le tronc cérébral. Ce dernier régule le rythme et la profondeur de la respiration. Il génère des signaux nerveux qui voyagent le long des nerfs jusqu’aux muscles respiratoires pour contrôler les mouvements respiratoires.

Le déclencheur d’une dépression respiratoire peut être : un traumatisme crânien, une surdose de certaines substances psychoactives (opioïdes, sédatifs, alcool), un symptôme de maladies neuromusculaires, etc.

Les principaux signes de la dépression respiratoire sont le ralentissement du rythme cardiaque, une respiration superficielle et lente, les lèvres et une peau bleutées comme « cyanosées ». Le patient a besoin d’une assistance respiratoire (ventilation).

Les dangers de la dépression respiratoire

Les personnes atteintes de dépression respiratoire vont avoir un apport en oxygène réduit pour « alimenter » les tissus de leur organisme (hypoxie), et ceci peut endommager les organes vitaux. Par ailleurs, l’augmentation du niveau de dioxyde de carbone dans le sang (hypercapnie) peut altérer le pH du sang et perturber les fonctions corporelles essentielles.

A ne pas confondre avec  » détresse respiratoire « 

On emploie le terme de  » détresse respiratoire  » dans des situations d’urgence médicale lorsqu’un patient a des difficultés à respirer. Cette insuffisance respiratoire aiguë peut être causée par de multiples situations : une insuffisance cardiaque, une pneumonie, un trauma-thoracique, une embolie pulmonaire, un œdème pulmonaire, ou encore la détérioration de l’état de patients déjà bien malades, etc.

Un patient en détresse respiratoire mobilise fortement ses muscles respiratoires (comme le diaphragme et les muscles intercostaux), sa respiration est rapide et superficielle. Il peut se trouver en état de confusion, sa peau prend une coloration bleutée (cyanose) en raison d’un niveau d’oxygène bas.

Les Différences avec la dépression respiratoire

Le taux en oxygène est bas dans les deux cas, c’est la fréquence respiratoire qui est différente. Des personnes en détresse respiratoire voient leurs efforts respiratoires augmentés car elles luttent pour respirer, les signes sont très visibles. Alors qu’un patient en dépression respiratoire manifeste un effort respiratoire diminué, les signes initiaux sont subtils.

Une prise en charge médicale rapide est essentielle dans les deux cas, afin d’éviter des complications graves voire la mort.

Ne pas confondre avec « syndrome de détresse respiratoire »

Un syndrome de détresse respiratoire (SDR) est un état de santé grave, souvent en lien avec une défaillance des poumons. On distingue deux formes : le syndrome de détresse respiratoire du nouveau-né (SDR néonatal) lorsqu’il affecte un bébé, et le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) lorsqu’il affecte les adultes.

Le SDR néonatal concerne les nouveau-nés, en particulier les prématurés. Ce syndrome se manifeste en raison d’un déficit du surfactant pulmonaire, une substance aidant les poumons à rester ouverts et à fonctionner correctement. Les symptômes observés sont : des difficultés à respirer, une fréquence respiratoire rapide, des halètements, et une cyanose (coloration bleutée de la peau). Le traitement se fait par administration de surfactant avec un support respiratoire (souvent sous forme de ventilation mécanique), et des soins de soutien dans une unité de soins intensifs néonatals (USIN).

Le SDRA concerne les enfants plus âgés ou les adultes. Ce syndrome peut être provoqué par différentes causes, notamment par une blessure pulmonaire due à une infection, un traumatisme, une inhalation de substances toxiques. On constate des signes d’essoufflement sévère, une difficulté à respirer avec une fréquence respiratoire rapide et superficielle, une faible oxygénation du sang, etc. Les patients doivent bénéficier d’un support respiratoire (ventilation mécanique), et la cause sous-jacente de la blessure pulmonaire doit être traitée.

Un syndrome de détresse respiratoire est une urgence médicale grave nécessite une intervention rapide et des soins intensifs, accompagnés d’une surveillance rigoureuse. Même avec un traitement adapté, il existe un taux de mortalité significatif.

Les différences avec la dépression respiratoire

Le syndrome de détresse respiratoire est généralement provoqué par une blessure ou une maladie sévère au niveau des poumons, impliquant souvent une inflammation et des lésions pulmonaires graves. Tandis que la dépression respiratoire est le plus souvent due à une influence externe (surdose de médicaments ou substances) impactant le système nerveux central en charge de la respiration, ce qui implique une diminution de la volonté ou de la capacité de respirer suffisamment pour maintenir les fonctions corporelles.

Les causes de la dépression respiratoire

Dans la majorité des cas, les personnes déclenchent une dépression respiratoire en raison d’un surdosage d’une substance qui leur a été toxique. L’overdose peut être causée par des substances légales (médicaments, alcool) ou illégales (drogues). L’organisme de la personne ne parvient pas à supporter la quantité de substance qui a été absorbée, ce qui cause des dommages importants et parfois irrémédiables, jusqu’à la mort.

Utilisation et consommation excessive de substances

Les opioïdes (et opiacés), les sédatifs, les hypnotiques et l’alcool sont qualifiés de « dépresseurs » ; en cas de consommation excessive et de mélange, ils peuvent déprimer le système respiratoire. Un dépresseur agit sur le système nerveux central (SNC), il ralentit l’activité du cerveau et réduit l’excitabilité des neurones, ce qui conduit à des effets tels que un état de relaxation, une diminution de l’inhibition, et de la somnolence.

  • Les opioïdes (ou opiacés) diminuent la perception de la douleur : la Morphine, l’Oxycodone, Fentanyl, la Codéine, l’héroïne, l’opium, etc.

  • Les sédatifs et les hypnotiques sont souvent utilisés pour réduire l’excitation et l’agitation, ils favorisent le sommeil et la relaxation : les benzodiazépines (Diazépam, Lorazépam, Témazépam, etc.), les barbituriques (Secobarbital, phénobarbital, pentobarbital, etc.), d’autres types de médicament (Zopiclone, Zolpidem, etc.), le GHB (Acide gamma-hydroxybutyrique), le cannabis, etc.

  • L’alcool

    La prise des opiacés, sédatifs ou hypnotiques doit être strictement encadrée par un médecin. Ce suivi doit être régulier afin que la médication puisse être réévaluée et adaptée si besoin. Les personnes bénéficiant d’un traitement avec ces familles de médicaments doivent impérativement suivre les recommandations d’usage et ne pas consommer d’alcool afin de limiter les facteurs de risque.

Autres causes

La dépression respiratoire peut aussi toucher : des personnes ayant subi un traumatisme cérébral, des patients atteints de troubles neuromusculaires suscitant des perturbations au niveau des muscles ou des nerfs impliqués dans la respiration, ou encore, des patients ayant certaines infections graves ou bien affectés de maladies pulmonaires chroniques (par exemple : la bronchopneumopathie chronique obstructive aussi appelé emphysème).

Les facteurs de risque

Les personnes ayant des problèmes de santé préexistants vont être plus vulnérables à développer une dépression respiratoire. Comme nous l’avons vu c’est le cas des patients sous traitement pharmacologique de type dépresseur, mais également les personnes souffrants d’asthme, de certains problèmes cardiaques, d’obésité, d’infections respiratoire (coronavirus, etc.), d’anomalies congénitales du système respiratoire, et les personnes âgées.

Les symptômes de la dépression respiratoire

La dépression respiratoire intervient soudainement. Les premiers symptômes peuvent ne pas être très visibles, ils peuvent se confondre avec d’autres choses (crise de panique, hypotension, insuffisance cardiaque). Voici les symptômes de la dépression respiratoire :

  • une respiration lente et superficielle.

  • un état de somnolence et de confusion en raison du faible taux d’oxygène dans le sang.

  • la peau et les lèvres bleutées ce qui est dû à la diminution de l’oxygène dans l’organisme.

  • un rythme cardiaque ralenti car en raison de la faible oxygénation, le cœur se met à battre plus lentement.

  • des difficultés à se réveiller.

Les séquelles d’une dépression respiratoire

La dépression respiratoire peut avoir des répercussions durables sur le patient, tant sur le plan physique que sur les plans mental et psychologique. Voici quelques-unes des conséquences potentielles :

  • des dommages cérébraux : les cas sévères peuvent aller jusqu’à une hypoxie (le cerveau ne reçoit pas suffisamment d’oxygène), ce qui peut générer des dommages cérébraux irréversibles.

  • la défaillance d’autres organes : l’insuffisance en oxygène peut aussi affecter d’autres organes vitaux, et parfois causer une défaillance multi organique.

  • une atrophie musculaire : due à une mobilité réduite si la dépression respiratoire est prolongée.

  • des déficits cognitifs : les dommages cérébraux résultant de l’hypoxie peuvent entraîner des problèmes de mémoire, d’attention, etc.

  • un traumatisme : survivre à une expérience de dépression respiratoire peut être traumatisant. Cela peut générer une forte anxiété, des angoisses, des troubles de l’humeur, voire des troubles du stress post-traumatique (TSPT)

  • une prise de conscience d’un problème de dépendance si la dépression respiratoire a été causée par l’abus de substances.

Traitements et prise en charge de la dépression respiratoire

Pour les cas graves, la prise en charge de la dépression respiratoire nécessite une assistance respiratoire, une oxygénothérapie (pour augmenter les niveaux d’oxygène dans le sang), la prise d’antagonistes des opioïdes (si la dépression respiratoire est causée par une surdose d’opioïdes), le traitement de la cause médicale sous-jacente (pour traiter l’origine de la dépression respiratoire s’il y a lieu). Dans les cas moins graves, une observation médicale attentive peut être suffisante.

Suite à une dépression respiratoire, faire quelques séances avec un psychologue peut permettre d’apaiser l’anxiété liée à cette expérience.

Si votre dépression respiratoire a été causée par la prise de substance et que vous avez réalisé que vous étiez en situation de dépendance : les Cabinet Oser le Changement peuvent vous aider. Nous vous proposons notre soutien en vous accompagnant pour faire face au syndrome de sevrage et dans l’arrêt de la substance ou des substances (médicament, drogue, alcool). La méthode Oser le Changement utilise des outils en reprogrammation mentale pour se libérer de tout type d’addiction (notamment avec l’hypnose). Face aux limites constatées par la médecine classique, les médecins s’intéressent de plus en plus aux techniques en reprogrammation mentale pour traiter les problématiques d’addiction et de dépendance.

Une personne souffrant de dépression respiratoire doit recevoir une assistance médicale en urgence afin de limiter les risques de dommages irrémédiables. Ce problème de santé est souvent lié à une utilisation inadaptée de substances potentiellement nocives pour l’organisme. Il peut s’agir d’alcool ou de produits tels que les opioïdes, les sédatifs, les hypnotiques. Si vous bénéficiez d’un traitement à base de ces substances médicamenteuses, il est indispensable d’avoir un suivi médical rigoureux, et primordial de suivre scrupuleusement les recommandations de votre médecin, de ne jamais dépasser les doses prescrites, et d’éviter les mélanges de substances.

FAQs

Que faire si une personne de mon entourage présente des symptômes de dépression respiratoire ?

Il est important que vous-même gardiez votre calme. En effet, la dépression respiratoire peut être très anxiogène dans la mesure où c’est le système nerveux central de la personne qui est impacté et que vous constaterez que sa capacité respiratoire diminue de plus en plus, devient insuffisante, et qu’une somnolence pouvant aller jusqu’à l’inconscience s’installe. Vous devez en premier lieu appeler les secours au plus vite (112 numéro d’urgence européen ou le SAMU au 15). En attendant, vous pouvez prodiguer des soins de secourisme d’urgence. Réconfortez la personne, desserrez ses vêtements, tentez au maximum de l’empêcher de somnoler. Si vous êtes dans le contexte d’une réunion familiale ou amicale, évitez d’être plusieurs assemblés très proches de la personne : ouvrez plutôt les fenêtres et laissez-lui de l’espace.

Sachant que les deux en cas de surdosage peuvent provoquer une dépression respiratoire, quelle différence y a t-il entre opiacés et opioïdes ? Quel est le plus dangereux?

Les opiacés sont des dérivés naturels extraits d’une plante de la famille des Papavéracées, le pavot somnifère (papaver somniferum). Ces extraits sont des alcaloïdes d’opium comme la morphine, la codéine, etc. Les opioïdes sont des composés semi synthétiques (comme l’héroïne, la buprénorphine…) ou synthétiques (Fentanyl). C’est le Fentanyl, opioïde synthétique, qui présente le plus de risque à faire une surdose. Sa puissance équivaut jusqu’à 100 fois celle de la morphine.

Les personnes ayant subi une expérience de dépression respiratoire peuvent présenter quels types de séquelles psychologiques ?

Les personnes ayant vécu un épisode de dépression respiratoire peuvent présenter des séquelles psychologiques telles que l’anxiété, des crises d’angoisse, des troubles de l’humeur. Cela peut aller jusqu’à un SPT (syndrome post traumatique).

Quels sont les antagonistes pouvant être administrés pour contrer une surdose en opioïdes volontaire ou accidentelle?

La Naloxone peut inverser les effets d’une overdose d’opioïdes et sauver la victime si elle est administrée à temps. La réglementation de ce produit très efficace est différente selon les pays : réservée aux seuls professionnels de santé pour certains, accessible en pharmacie pour d’autres.

Comment évaluer les signes de gravité d’une dépression respiratoire due à un surdosage d’opioïdes dans le cadre du traitement antalgique d’un malade ?

On constate que le malade présente les trois signes suivants s’il est en surdosage : myosis (rétractation de la pupille), somnolence, diminution importante du nombre des respirations. La fréquence respiratoire normale d’un adulte va de 13 à 20 cycles par minute (1 cycle correspond à une inspiration suivie d’une expiration). En dessous de 8 cycles respiratoires, il est impératif d’administrer de la Naloxone pour contrer les effets dépresseurs de l’opioïde.

Si le malade ne présente que la seule rétractation de la pupille sans les deux autres signes, c’est simplement un signe d’imprégnation aux opioïdes.