La dépression masquée

 

Publié le 20 novembre, 2024 par Marion Boisselière

La dépression masquée, également connue sous le nom de “dépression souriante”, est une forme de dépression dans laquelle une personne peut sembler en apparence heureuse ou satisfaite de sa vie, et cependant intensément souffrir intérieurement.

Chez les individus atteints de dépression masquée, les symptômes classiques d’un état dépressif tels que la tristesse et le désintérêt pour les activités quotidiennes sont dissimulés. Ces personnes peuvent rendre parfaitement invisibles leurs états d’âme derrière leur masque social. Dans certains cas, comme dans les autres formes de dépression, il peut s’avérer que cette dissimulation soit en lien avec une peur éventuelle des stigmatisations sociales vis-à-vis des maladies mentales. La dépression masquée est difficile à diagnostiquer, parce que l’individu ne laisse transparaître que très légèrement, voire pas du tout, ses symptômes auprès de ses proches. Il est également possible qu’il ignore lui-même qu’il est dépressif et qu’il soit dans le déni.

Vous trouverez dans cet article une présentation de la dépression masquée : symptômes, causes et possibilités de traitement pour faire face à cette maladie.

Les causes de la dépression masquée

La dépression masquée est déclenchée par les mêmes causes que les autres formes de dépression. Cela peut inclure une combinaison de causes génétiques, biologiques, environnementales et psychosociales. Des antécédents familiaux de dépression, des troubles de la personnalité, l’abus d’alcool ou de drogues, un stress important ou un traumatisme sont un faisceau de facteurs pouvant contribuer au développement de la dépression masquée.

Les causes génétiques et héréditaires

Des études au sujet de la transmission génétique des maladies mentales sont toujours en cours. Les recherches actuelles indiquent une prédisposition génétique à la dépression, bien qu’il n’y ait pas de gène unique identifié. En effet, plusieurs gènes seraient en cause.

Un enfant reçoit 50 % de ses gènes de chacun de ses parents, les risques de dépression sont augmentés si les deux parents ont souffert d’un trouble dépressif. Il faut bien comprendre qu’avoir une prédisposition génétique à la dépression ne représente pas une fatalité d’en développer une à son tour : le risque de transmission de la dépression est évalué à 30 %. Le déclenchement éventuel d’une dépression dépend aussi d’autres facteurs comme l’environnement et les expériences de vie.

L’hérédité englobe deux aspects : la transmission génétique et la transmission des modèles comportementaux familiaux entre parents et enfants. Cela signifie que même s’il n’y a pas de vulnérabilité génétique à la dépression, le comportement dépressif des parents peut influencer l’enfant à développer un état dépressif durant sa vie.

Les causes biologiques du trouble de l’humeur

L’ADN est présent dans toutes les cellules de notre corps, il orchestre le développement et le fonctionnement d’un individu. Une partie de nos neurones situés dans le système limbique, régule notre humeur en utilisant des molécules chimiques. Ces neurones produisent trois monoamines essentielles qui influencent notre moral : la dopamine (hormone du plaisir immédiat), la sérotonine (hormone du bonheur) et la noradrénaline (hormone favorisant l’estime de soi et les capacités cognitives).

En cas de dépression, cette production moléculaire est perturbée. Notre organisme ne sécrète pas normalement ces hormones, ce qui provoque un déséquilibre de l’humeur.

Les causes environnementales et psychologiques

La dimension psychologique renvoie à la façon dont un individu gère le stress et avec sa personnalité. Depuis la naissance, chacun rencontre des situations à stress, et apprend à élaborer des réactions émotionnelles basées sur des pensées et des actions (comportements). Ces confrontations au stress combinées à la manière dont il réagit est un processus qui forge la personnalité d’un individu. Il intègre dans son inconscient des réactions automatiques de par ses vécus et son éducation : pensées, comportements, réactions émotionnelles. Si l’enfant a expérimenté des situations de souffrance, son psychisme a pu adopter des mécanismes de défenses pour atténuer sa douleur.

La manière dont notre personnalité s’est construite pour gérer toutes situations génère nos forces et nos failles. En effet, selon notre capacité à faire face aux situations stressantes, l’impact émotionnel de ces facteurs environnementaux peut être atténué ou accentué.

Bien que la génétique influence notre personnalité initiale, les expériences de vie modèlent également notre caractère. Elles affectent notre réaction face à des situations potentiellement traumatisantes. Et selon cette capacité d’adaptation, l’individu sera plus ou moins enclin à souffrir de dépression.

Les symptômes de la dépression masquée

Cet état dépressif se manifeste par des symptômes physiques et psychologiques. C’est le plus souvent les douleurs physiques qui encouragent le patient à demander de l’aide à son médecin généraliste. Dans le cas de somatisations, les douleurs résistent souvent aux traitements habituels prescrits par le médecin pour ce type de trouble, car la cause sous-jacente des symptômes physiques est psychologique. Il sera alors nécessaire de consulter un psychiatre pour trouver des solutions adaptées pour mettre un terme à la souffrance et au mal être psychique.

Les symptômes physiques

Les caractéristiques physiques d’un état dépressif peuvent varier selon les personnes, on peut retrouver notamment les manifestations suivantes :

  • Des douleurs chroniques telles que des maux de dos, maux de tête (céphalées), des douleurs ou tensions musculaires, maux de ventre, etc.
  • Des troubles du sommeil avec des difficultés à s’endormir ou à rester endormi (insomnie).
  • Des troubles de l’appétit associé à une perte ou prise de poids.

  • Une fatigue et un manque d’énergie constant, le sommeil n’est pas réparateur.
  • Des troubles digestifs tels que de la constipation, des diarrhées, des douleurs abdominales, des nausées.
  • Une baisse de la libido avec une diminution de l’intérêt pour le plaisir et les activités sexuelles.
  • Des symptômes cardiovasculaires : tachycardie, palpitations, sensation d’oppression, douleur dans la poitrine, tension artérielle.

Le corps des personnes en dépression « parle », il peut manifester son mal-être psychique sous différentes formes. Mais ces signes et ces somatisations peuvent être observés chez de nombreuses personnes sans impliquer nécessairement un état dépressif. Si vous ressentez ces symptômes physiques, demandez l’avis de votre médecin généraliste ou d’un professionnel de la santé mentale.

Les symptômes psychologiques

Si ces signes physiques sont associés à des manifestations psychologiques, il y a des probabilités importantes que vous fassiez une dépression. Voici les symptômes psychologiques des troubles de l’humeur de la dépression masquée que l’on retrouve le plus fréquemment :

  • Une diminution ou perte de motivation pour accomplir les tâches quotidiennes et les activités jugées autrefois agréables. Cela peut-être lié à la fatigue, aux douleurs du corps et à un sentiment de mal être. La personne en dépression souriante ou masquée essaie cependant de masquer cet état et de faire « comme si » cela allait.
  • Un forte anxiété, des soucis excessifs, une appréhension constante peuvent être éprouvés sur des domaines spécifiques de la vie de la personne, puis se généraliser.
  • Une irritabilité et des sautes d’humeur en réaction à des petites choses, elles sont perçues comme étant excessives ou inappropriées.
  • Des sentiments de tristesse et de vide intérieur : même si les personnes atteintes de dépression masquée peuvent afficher un comportement extérieur apparemment joyeux, elles peuvent pourtant ressentir un sentiment de désespoir intense et des idées noires.
  • Un ralentissement des fonctions cognitives : des difficultés à se concentrer, à mémoriser et à prendre des décisions apparaissent de plus en plus. Les performances et la productivité s’en trouvent diminuées.
  • Une baisse ou perte de l’estime de soi : tendance à se juger sévèrement, apparition de sentiments excessifs de dévalorisation et de culpabilité.

L’ensemble de ces éléments n’est pas facilement identifiable du fait que le dépressif ne formule pas nécessairement de plainte et essaie de dissimuler sa tristesse et sa douleur psychique aux autres. Il est important de noter qu’une dépression masquée est un terrain favorable pour développer un burn out (syndrome d’épuisement).

La description de cette symptomatologie pouvant être le signe de différentes maladies, il est essentiel de consulter un psychiatre pour un diagnostic précis et une prise en charge.

Les traitements de la dépression masquée

Les traitements sont similaires à ceux de la dépression classique, le psychiatre recommande le plus souvent la prise de médicaments et la psychothérapie. Il est également important de suivre une bonne hygiène de vie. De plus, vous trouverez dans cet article des informations sur les bienfaits de certaines thérapies brèves par le biais de la reprogrammation mentale ou autres activités méditatives afin de diminuer les symptômes de l’état dépressif. La prise en charge diffère selon les personnes.

Les traitements médicamenteux

Les antidépresseurs les plus couramment prescrits actuellement pour faire face aux dépressions sont les Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) tels que le Prozac (fluoxétine), le Zoloft (sertraline), etc. Ces médicaments permettent de booster la sécrétion de sérotonine, une hormone ayant un effet important sur la régulation de l’humeur, aussi nommée l’hormone du bonheur. Les Inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) peuvent également être prescrits pour les syndrome dépressif, tels que l’Effexor (venlafaxine) ou le Cymbalta (duloxétine). Ces antidépresseurs stimulent la sécrétion de sérotonine et de noradrénaline, cette dernière améliore le sommeil et la sensation de fatigue, la gestion des émotions et les capacités d’attention.

Lorsque les patients ne répondent pas au traitement des molécules précédentes, le médecin peut avoir recours à des antidépresseurs tricycliques (ATC), des inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) ou des antidépresseurs atypiques. Ces médicaments ont souvent davantage d’effets secondaires et peuvent être contre-indiqués si le patient a déjà d’autres traitements en cours, les interactions peuvent être dangereuses.

La prescription d’anxiolytique peut aussi être suggérée dans certains cas en fonction de la situation du patient, de ses symptômes et de leur intensité.

Les psychothérapies

Vous pouvez suivre une psychothérapie à visée analytique afin de travailler sur l’inconscient. La thérapie comportementale et cognitive (TCC) peut également être pertinente, elle permet d’agir sur vos cognitions négatives (vos pensées entraînant certains comportements) et de mieux gérer le stress. La psychothérapie est un espace pour exprimer ses souffrances, sa tristesse, ses peurs et ses idées noires.

Les thérapies brèves

Les Cabinets Oser le Changement proposent des accompagnements sur quelques séances pour apaiser votre esprit par le biais de la reprogrammation mentale, à l’aide de techniques de thérapie brève, dont l’hypnose reconnue et mise au point par un psychiatre et utilisée en milieu hospitalier.

Les bénéfices d’un accompagnement Oser le Changement sont multiples selon les attentes et objectifs fixés avec votre praticien en Activation du Changement : amélioration de votre qualité de sommeil et de votre état de fatigue, diminution ou suppression de vos angoisses, apaisement de votre ou vos traumatisme(s), abandon de vos croyances limitantes, modifications certains schémas de pensées négatifs en positif et de vos comportements souffrants qui y sont associés, etc.

La dépression masquée est un mode d’expression d’un état dépressif classique. On y retrouve globalement les symptômes habituels d’une dépression, à la seule différence que la personne qui en est atteinte dissimule au maximum son mal-être psychique. Cela pour des raisons qui lui sont propres : soit parce qu’elle est dans le déni de son état, soit par difficulté de verbaliser et ressentir ce qu’elle traverse, soit par peur du jugement de son entourage.

La complexité de cette maladie réside dans le fait de la diagnostiquer. Les traitements sont dans la plupart des cas une combinaison médicamenteuse, thérapeutique et une amélioration du mode de vie.

FAQs

Pourquoi les thérapies comportementales cognitives (TCC) sont-elles particulièrement recommandées dans le cas d’une dépression masquée ?

Parce qu’une TCC permet de repérer puis de désactiver les dysfonctionnements psychiques (schémas de pensées erronés) qui sont à l’origine de la transformation par le corps de la souffrance psychique que le malade ignore (ou choisit d’ignorer) en perturbations physiques (somatisations).

La dépression masquée atteint-elle seulement les adultes d’un certain âge déçus par leur vie?

Non, la dépression masquée peut atteindre de très jeunes adultes et même des adolescents. Il convient d’être informé et vigilant pour ne pas « passer à côté » de ce trouble en pensant qu’il s’agit d’une crise d’adolescence classique, ou de la manifestation d’une simple immaturité ou fragilité si cela concerne un jeune adulte.

On m’a diagnostiqué une dépression masquée, je n’ai pas de somatisations marquées, juste une immense fatigue. Pourquoi ?

Vous avez probablement dû « prendre sur vous » et « faire semblant » inconsciemment depuis très longtemps : cela requiert une hypervigilance permanente ce qui est pour votre corps très énergivore, d’où votre grande fatigue par accumulation.

Quel est le danger majeur de la dépression masquée, vers quoi peut-elle évoluer ?

Les personnes atteintes de dépression masquée n’expriment pas leurs souffrances et s’isolent. Dans un tel contexte, il peut arriver que personne ne soit là pour « leur tendre la main » que ce soit des proches ou une personne du corps médical. Petit à petit, il va y avoir évolution vers une dépression sévère manifeste, des troubles anxio-dépressifs.

J’ai entendu dire que la dépression masquée est en augmentation en raison du contexte socio-économique actuel. Qu’en est-il ?

L’analyse de nombreux sociologues est que la société actuelle est dominée par une sorte d’injonction au « bien être » et à la performance. Ne pas se sentir dans cette norme peut chez certaines personnes s’avérer culpabilisant et conduire à une mauvaise estime de soi qui, selon eux, doit rester secrète à tout prix. C’est sur ce malaise ressenti qu’est susceptible de se développer la dépression masquée.

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