Dépression réactionnelle
Une dépression réactionnelle est un trouble de l’humeur qui se déclenche à la suite d’ un choc émotionnel. Ce choc est provoqué par un événement traumatique ou par un événement générant un stress important dans la vie de la personne. La dépression réactionnelle se distingue des autres formes cliniques de dépressions, en ce sens que les causes sont clairement identifiées. Les événements suscitant des réactions émotionnelles fortes et conduisant à un état dépressif sont nombreux : décès d’un proche, rupture affective, perte d’un emploi, maladie diagnostiquée (des proches ou soi-même), traumatismes, etc. Les symptômes de la dépression réactionnelle sont classiques, et les traitements peuvent varier en fonction de leur intensité.
Dans cet article vous trouverez une présentation des causes, symptômes et les possibilités de traitements de la dépression réactionnelle.
Quand un choc émotionnel déclenche-t-il une dépression ?
Une dépression réactionnelle intervient lorsqu’une personne ressent un choc émotionnel intense. Ce n’est pas l’évènement en lui-même qui peut être tenu pour responsable à lui seul de l’état dépressif. Par exemple, tout le monde ne fait pas une dépression à la suite d’un accident ou d’un deuil. Le background, le contexte général et la psychologie de la personne entrent aussi en ligne de compte : son tempérament, ses capacités de résilience et d’adaptation, ses expériences passées, ses traumatismes éventuels, son équilibre émotionnel et son équilibre de vie, etc.
Nous avons tous des « compartiments de vie » : la sphère professionnelle, familiale, personnelle, amicale, sentimentale. L’impact du choc émotionnel d’un compartiment de vie sera différent selon l’équilibre et l’épanouissement ressenti dans les autres compartiments. D’autres éléments comptent aussi : l’importance et la valeur que l’on attribue à cette partie de vie, la façon dont on apprend la nouvelle, le soutien moral dont on dispose pour faire face à cet événement, etc.
Dépression réactionnelle : éléments déclencheurs
Une variété d’événements stressants ou traumatiques peuvent être à l’origine d’une dépression réactionnelle. Voici une liste non exhaustive d’éléments potentiellement déclencheurs d’un état dépressif soudain :
– Le décès d’un être cher : le deuil est une épreuve. Que ce soit celui d’un conjoint, d’un enfant, d’un parent, d’un frère ou d’une sœur, d’un ami proche ou d’un animal de compagnie, le décès d’un proche peut plonger un individu dans un état de tristesse intense et de souffrance profonde. Le choc peut être d’autant plus grand si le décès est survenu de façon brutale (crise cardiaque, embolie pulmonaire, etc.) ou des suites d’un accident.
– Un divorce ou une séparation : une rupture ou la fin d’une relation chère à notre cœur peut générer un choc et une énorme souffrance, qu’il s’agisse d’un conjoint, d’un ami, d’un enfant, etc. Ce « rejet » peut réveiller des blessures du passé, de l’enfance.
– Un traumatisme physique, psychologique ou sexuel : être victime de violences, qu’elles soient physiques psychologiques ou sexuelles, peut causer un stress psychologique immense. Les victimes d’abus sexuels, de violences domestiques, d’agressions ou de harcèlement (quel qu’il soit) peuvent développer une dépression réactionnelle suite à ces événements traumatisants. Elles peuvent également avoir des séquelles psychologiques et présenter un SPT (syndrome post traumatique).
– Des problèmes financiers ou de travail : des difficultés financières, comme la faillite ou la perte d’un travail, peuvent être à l’origine d’une dépression réactionnelle. Des conditions de travail insupportables et anxiogènes peuvent générer un épuisement émotionnel, voire un burn out, ce qui peut être un élément déclencheur d’une dépression réactionnelle.
– Un diagnostic de maladie grave ou chronique : un diagnostic de cancer, de VIH, d’une maladie cardiaque, d’un diabète avec injections d’insuline quotidiennes, la maladie de Parkinson, les maladies psychiatriques, etc. L’annonce de ce type de maladie est un choc émotionnel qui s’accompagne souvent d’une dépression réactionnelle. Le diagnostic d’une pathologie d’un être cher (enfant, conjoint, etc.) peut produire les mêmes effets.
– Une catastrophe naturelle : Vivre une catastrophe naturelle comme un tremblement de terre, un ouragan, un incendie ou une inondation peut être extrêmement stressant et traumatique. Les personnes qui perdent leur maison ou sont forcées de déménager à cause d’une catastrophe naturelle peuvent développer une dépression réactionnelle.
– Une épreuve violente hors norme : l’expérience de la guerre (y participer, en avoir été témoin, émigrer dans pays d’accueil en tant que réfugié politique, etc), assister à des scènes ou situations violentes (agressions, kidnapping, prise d’otage, meurtres, acte terrorisme, etc.), être ou se sortir d’un endoctrinement ou lavage de cerveau (sectes), etc.
– Un accident : à la suite d’un accident que l’on a causé (culpabilité qui ronge, sombres ruminations) ou que l’on a subi (traumatisme, séquelles physiques, angoisses envahissantes).
Dépression réactionnelle, pourquoi moi ?
La dépression réactionnelle est une réponse psychologique à un événement ou bien à une situation stressante ou traumatique. Elle est souvent liée à des changements importants dans la vie, des épreuves ou des traumatismes qui sont difficiles à gérer émotionnellement.
Le cerveau humain possède une multiplicité de mécanismes d’adaptation pour faire face au stress et aux défis de la vie. Cependant, lorsque ces mécanismes sont dépassés par des niveaux de stress exceptionnellement élevés ou des situations traumatiques, cela peut entraîner une dépression réactionnelle.
Une personne manquant de capacité de résilience, ayant eu des expériences douloureuses dans le passé, avec peu de soutien social, sera plus susceptible de faire une dépression. Et s’il y a des antécédents de problèmes de santé mentale (anxiété, dépression), cela joue aussi.
Des résonances avec les blessures de l’enfance
Un événement peut réactiver des peurs et des blessures de l’enfance, ce qui amplifie les réactions émotionnelles et la douleur ressentie face à cet événement. Les blessures de l’enfance peuvent générer des vulnérabilités, exacerber nos souffrances, favoriser un état dépressif réactionnel. Quelles sont ces blessures?
– Des événements traumatiques : tels que la maltraitance, la négligence ou le fait d’être témoin de violences. Ces expériences peuvent créer des schémas de pensée négatifs ou dysfonctionnels qui rendent une personne plus susceptible de réagir fortement à des événements stressants.
– Des troubles de l’attachement : le fait qu’un enfant ait des difficultés à établir des liens sécurisants avec ses parents durant l’enfance. Cela engendre un sentiment d’insécurité et d’anxiété dans ses relations sociales futures. Cet attachement insécurisé est ancré dans les schémas de l’inconscient, et cela augmente le stress et les émotions négatives lors de la perte ou de la fin d’une relation. Les comportements addictifs sont très souvent reliés à un trouble de l’attachement.
– La peur du rejet ou de l’abandon : lorsque l’enfant a éprouvé et intégré un sentiment de rejet ou d’abandon de ses parents (qu’il soit réel ou non), il peut continuer à ressentir une peur intense voire irrationnelle du rejet ou de l’abandon, et être particulièrement touché par la fin d’une relation ou par d’autres formes de perte (travail).
– La peur de vivre dans la pauvreté : un enfant qui a vécu ou a eu peur de vivre dans la pauvreté aura des réactions particulièrement intenses s’il rencontre ultérieurement des problèmes financiers ou perd un travail.
Quels sont les symptômes de la dépression réactionnelle
La dépression réactionnelle se caractérise par la présence prolongée de plusieurs symptômes qui peuvent varier d’un individu à l’autre. Parmi ces symptômes, on peut constater une profonde tristesse, une humeur dépressive, un sentiment de désespoir, et un désintérêt ou une perte de plaisir dans les activités habituellement appréciées.
Des perturbations au niveau du sommeil sont également très fréquentes (telles que l’hypersomnie ou l’insomnie), ainsi que des perturbations au niveau de l’appétit (ceci entraînant une prise ou une perte de poids). Un ralentissement psychomoteur, une fatigue intense ou une perte d’énergie marquée sont également courants.
La personne peut également être irritable, avoir des difficultés de concentration et de mémorisation, ce qui s’accompagne très souvent d’une diminution des performances, une baisse de l’estime de soi, et enfin d’un sentiment de culpabilité excessive. Dans les cas plus graves, la personne peut avoir des idées noires et des envies suicidaires, ce qui peut nécessiter une hospitalisation.
Il est important de noter que, pour signaler une dépression réactionnelle, ces symptômes doivent être plus sévères ou plus prolongés que ce qui serait normalement attendu en réponse à l’événement stressant.
Le traitement de la dépression réactionnelle
Le traitement de la dépression réactionnelle peut se faire à l’aide de médicaments et d’un accompagnement, chaque situation est différente. Votre médecin ou psychiatre prescrivent très fréquemment des antidépresseurs pour atténuer les symptômes de la dépression. Cette solution médicamenteuse est temporaire, elle permet au patient atteint de dépression de travailler sur ses sentiments et ses émotions en psychothérapie. Des thérapies brèves en reprogrammation mentale peuvent être d’une précieuse aide pour faire face au traumatisme (hypnose, sophrologie, PNL).
L’aide pharmacologique pour les dépressions
Les médicaments prescrits dans le traitement d’une dépression réactionnelle sont principalement des antidépresseurs. Ils agissent au niveau des neurotransmetteurs du cerveau afin d’aider à rétablir un équilibre biochimique. Les antidépresseurs les plus utilisés sont dans l’ordre :
– Les Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine (ISRS) : ils agissent sur la sécrétion de la sérotonine (hormone du bonheur), ce qui améliore l’humeur et donne une sensation de mieux-être. Une partie des symptômes de la dépression sont atténués. Dans cette catégorie de médicament, on peut citer la Fluoxétine, la Sertraline, l’Escitalopram, etc.
– Les Inhibiteurs de la Recapture de la Sérotonine et de la Norépinéphrine (IRSN) : ils agissent sur la sérotonine et la norépinéphrine (des neurotransmetteurs) afin de stabiliser l’humeur. Dans cette catégorie, on retrouve notamment la Venlafaxine et la Duloxétine.
– Les Antidépresseurs Tricycliques (TCA) : ils comportent de nombreux effets secondaires, les médecins psychiatres les prescrivent lorsque le patient n’a pas répondu aux catégories précédentes. L’Amitriptyline et l’Imipramine sont des antidépresseurs tricycliques.
– Les Inhibiteurs de la Monoamine Oxydase (IMAO) : le psychiatre peut décider de les utiliser en dernier recours si les antidépresseurs de la catégorie des TCA n’ont pas soulagé le patient. Les IMAO ont des interactions dangereuses avec certaines substances (médicaments et aliments). L’IMAO le plus connu est la Phenelzine.
Selon l’intensité des symptômes de la dépression, le psychiatre peut compléter le traitement antidépresseur avec des stabilisateurs de l’humeur, ou avec des anxiolytiques. Les médicaments anxiolytiques sont prescrits, sur une durée limitée, quand le patient présente un trouble anxieux important, ce qui est courant lorsqu’il y a eu traumatisme.
Le traitement pharmacologique d’une dépression doit être surveillé de façon régulière par le médecin ou le psychiatre. Ces derniers évaluent l’évolution de la maladie, l’efficacité du traitement, ce qui implique de trouver le bon équilibre entre les bénéfices et les effets secondaires de la prescription.
Psychothérapies
En plus de la médication, la psychothérapie est une composante essentielle du traitement de la dépression réactionnelle.
La thérapie de type analytique conduit, sur un temps long, le patient à explorer les tréfonds de son existence. L’inconscient joue un rôle prédominant dans la détermination de la vie psychique. L’ambition de cette thérapie est d’aider le patient à démêler les origines de son traumatisme pour comprendre les raisons de ses pensées et réactions émotionnelles intenses. Elle offre un moyen de déchiffrer son passé, permettant ainsi de s’affranchir de certains schémas répétitifs. Réaliser que des situations actuelles évoquent des épisodes antérieurs peut transformer l’état d’esprit du patient et par là même, ses actions.
Sur un temps plus bref, le recours à la thérapie cognitive et comportementale (TCC) a pour vocation d’aider les personnes à reconnaître et à remodeler leurs modèles de pensées négatives.
La libération des traumatismes avec la méthode en activation du changement
Les Cabinets Oser le Changement proposent des thérapies brèves en soutien pour traiter les traumatismes. L’accompagnement se fait sur quelques séances par le biais de techniques en reprogrammation mentale, telles que l’hypnose. L’hypnose permet de remonter aux origines des souffrances et des traumatismes. Cet accompagnement est libérateur, il permet de mettre des mots sur ses vécus et ressentis douloureux, et surtout d’apaiser les émotions associées au traumatisme.
D’autres clés pour mieux gérer votre dépression
N’oublions pas que les symptômes de la dépression peuvent aussi être amoindris grâce à un bon soutien social et une bonne hygiène de vie.
Le soutien social
Disposer d’un réseau solide de soutien social est essentiel, qu’il provienne de la famille, des amis ou de groupes de parole avec des personnes traversant aussi une dépression. Ces connexions humaines offrent non seulement une oreille attentive, mais aussi des conseils pratiques, des encouragements et une validation des émotions vécues. Partager ses expériences avec d’autres permet d’alléger le poids de la solitude et de renforcer le sentiment d’appartenance et de compréhension mutuelle.
L’exercice physique
S’adonner régulièrement à une activité physique est l’un des remèdes naturels les plus efficaces contre la dépression. L’exercice stimule la production d’endorphines, qui agissent comme des analgésiques naturels du cerveau.
Bouger et s’activer favorise également une meilleure qualité de sommeil, renforce l’estime de soi et aide à maintenir l’appétit. Que ce soit une marche rapide dans le parc, une session de yoga ou un entraînement plus intense, l’important est de trouver une activité adaptée à ses besoins et de la pratiquer régulièrement pour profiter pleinement de ses bienfaits.
Une alimentation équilibrée
Des recherches montrent que notre intestin et notre cerveau sont étroitement liés. Une alimentation équilibrée favorise une flore intestinale saine, ce qui peut avoir un impact positif sur l’humeur et le bien-être mental. On note aussi qu’une alimentation riche en nutriments essentiels, tels que les oméga-3, le tryptophane et les vitamines B, peut aider à réguler les neurotransmetteurs liés à l’humeur comme la sérotonine.
Un sommeil régulier
Un sommeil régulier et de qualité permet au cerveau de se réparer et de se régénérer, ce qui est essentiel pour la santé mentale. Cela améliore vos capacités cognitives (apprentissage, concentration, mémoire), des compétences qui sont amoindries en cas de dépression.
Le sommeil influence la régulation des neurotransmetteurs, tels que la sérotonine et la dopamine, qui jouent un rôle clé dans la régulation de l’humeur et du comportement. Un bon sommeil réduit le stress et diminue les niveaux de cortisol (hormone du stress) dans l’organisme, ce qui aide à atténuer les sentiments d’anxiété et de dépression.
Essayez de dormir à des heures régulières et pas trop tardives. Évitez les médicaments de type somnifère quand cela est possible. Préférez d’autres méthodes pour vous aider à dormir si vous en avez besoin, par exemple avec quelques séances de sophrologie, d’hypnose, de relaxation ou avec un praticien en Activation du Changement.
Les personnes atteintes de dépression réactionnelle sont en grande souffrance à la suite d’un événement précis qui a été le déclencheur. Il est normal de se sentir mal face à certains événements émotionnellement éprouvants comme les deuils, les fin de relations, les pertes ou la maladie. Il faut s’inquiéter et suspecter une dépression réactionnelle lorsque le mal-être persiste et que les symptômes deviennent intenses et s’aggravent. Dans une telle situation, consultez votre médecin généraliste afin qu’il puisse évaluer votre état.
FAQ
Il y a cinq ans, j’ai fait une dépression réactionnelle sévère après le décès de ma sœur. Cela implique t-il obligatoirement une rechute pour moi lors d’épreuves de même intensité?
Non, une même personne ne replonge pas forcément dans un nouvel accès dépressif à chaque fois qu’un événement malheureux, d’une intensité pire ou identique vient la bouleverser. La dépression réactionnelle se déclenche à nouveau ou non, en fonction de plusieurs critères : les circonstances, l’état physique et psychique de la personne, son entourage affectif du moment, etc.
Au bout de combien de temps mon traitement contre une dépression réactionnelle va-t-il commencer à agir?
Votre traitement, s’il consiste en des antidépresseurs associés ou non à des anxiolytiques, et s’accompagne de séances de psychothérapie, devrait vous faire ressentir une amélioration de vos symptômes au bout de trois semaines. Votre vulnérabilité va persister pendant plusieurs mois, c’est pourquoi il est essentiel de poursuivre votre traitement scrupuleusement, selon les directives de votre médecin qui évaluera régulièrement votre traitement pour l’adapter au fur et à mesure.
Est-ce que les symptômes de la dépression réactionnelle se manifestent dès l’événement déclencheur ?
Les symptômes d’une dépression réactionnelle peuvent se déclencher dès la survenue de l’événement profondément bouleversant, mais aussi quelques jours plus tard, voire quelques semaines après.
La dépression réactionnelle peut-elle être la conséquence d’événements multiples ?
Oui, parfois il n’y a pas d’événement majeur unique clairement identifié ayant bouleversé gravement la personne et joué le rôle de déclencheur. Dans ce cas, la dépression réactionnelle se manifeste suite à des tensions et contrariétés qui se sont accumulées, résultant d’événements mineurs en eux-mêmes mais qui ont généré des conflits internes successifs et cumulatifs.
Ces derniers ont graduellement miné les ressources psychiques de la personne dont le désarroi s’est amplifié jusqu’à une phase de débordement. C’est ce trop-plein qui, lorsqu’il est atteint, est le déclencheur.
Y a-t-il d’autres termes pour désigner la dépression réactionnelle ?
On parle également pour cette pathologie de dépression “situationnelle”, dépression “psychogène”, “deuil pathologique”. Ces dénominations se rapportent à une pathologie dépressive survenant suite à une cause extérieure, qu’il s’agisse d’un événement gravement bouleversant unique, ou de tensions psychiques qui s’accumulent, sans que la personne atteinte ne parvienne à dépasser sa détresse.
Voir aussi :