Les 7 phases de la dépression
Publié le 11 novembre, 2024 par Marion Boisselière
La dépression est une maladie mentale qu’il ne faut ni prendre à la légère ni stigmatiser.
Parlons de la dépression : il est important de se soigner le plus rapidement possible. Selon une étude datant de 2021, on recense 12 % de Français ayant été concernés par un épisode dépressif au cours de leur vie, et ce chiffre n’a de cesse d’augmenter en raison des conditions de vie stressantes. Ce chiffre recensé inclut uniquement les cas diagnostiqués, mais en réalité la dépression toucherait un tiers de la population française.
Vous vous demandez à quel stade de votre dépression vous ou l’un de vos proches en êtes ? La progression d’une dépression peut varier d’un individu à l’autre, les symptômes aussi, et les étapes peuvent durer plus ou moins longtemps. Vous trouverez dans cet article une présentation des 7 phases de la dépression : des prémices à la rémission complète.
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Quelles sont les 7 phases de la dépression ?
Connaître et observer les 7 phases de la dépression vous permet de mieux comprendre la progression de cette maladie : du terrain contextuel favorable à un état dépressif, en passant par les différents degrés d’intensité des symptômes, jusqu’aux étapes de bien-être. Cette décomposition de l’évolution de la maladie n’est pas officiellement établie dans les manuels de psychiatrie.
Phase 1 : prédisposition et prémices du trouble de l’humeur
A ce niveau là, il s’agit d’une prise en considération des facteurs de risque qu’une personne peut avoir. C’est donc une période pouvant précéder un début formel de dépression. Ces facteurs sont multiples : une prédisposition génétique, des antécédents familiaux de dépression, des vécus douloureux et traumatiques passés, des événements ou changements de vie stressants.
Des études indiquent qu’il existe une composante génétique dans le développement de la dépression. Bien qu’il n’existe pas de « gène de la dépression », il semblerait que certains gènes présentant des zones affectées de conformations particulières seraient susceptibles de favoriser la survenue d’un état dépressif. Les parents transmettent chacun à leurs enfants 50 % de leur génome, il y a alors un risque de transmission de cette vulnérabilité. Grâce aux progrès des techniques scientifiques, les recherches se poursuivent et devraient apporter plus de précisions.
Les antécédents familiaux peuvent influencer un terrain dépressif. Les risques de faire un jour une dépression sont augmentés lorsqu’on a vécu et partagé sa vie avec un membre de sa famille atteint de dépression (les parents, les frères et sœurs).
Certaines expériences de vie vécues comme douloureuses et traumatisantes peuvent également prédisposer une personne à la dépression, par exemple: le décès d’un être cher, la maladie, la maltraitance, l’exposition à la violence, le harcèlement, le divorce, la rupture d’une relation, des difficultés financières, la perte d’un emploi, etc.
Un changement de vie important peut être très perturbant émotionnellement, car il implique une perte de repères, et des bouleversements professionnels, personnels, sociaux. Cela peut contribuer à installer un état dépressif. C’est par exemple le cas lorsqu’il y a : des déménagements fréquents ou des déménagements éloignés de ses proches, des transitions de vie importantes comme la retraite ou le passage à l’âge adulte, etc.
Phase 2 : les symptômes initiaux de la dépression
Les premiers signes de dépression apparaissent de façon subtile au cours de cette phase. Ils peuvent se confondre avec des effets liés au stress ou à la fatigue s’ils sont passagers. , si les symptômes décrits ci-après persistent pendant plusieurs semaines et causent du désordre dans le quotidien, il est important de demander l’avis d’un médecin.
La personne est submergée d’émotions négatives, elle ressent un mal-être général accompagné de tristesse sans raison clairement identifiée. Son enthousiasme habituel diminue franchement. Elle prend de moins en moins de plaisir pour ses activités habituelles. Elle peut également avoir tendance à se replier sur elle-même, ressentir du détachement vis-à-vis de ses proches et dans ses relations sociales.
Il apparaît fréquemment des changements au niveau de l’appétit et du sommeil. L’appétit peut notablement diminuer s’il y a une altération du plaisir de manger. Ou a contrario, l’appétit peut augmenter pour compenser « quelque chose » : une anxiété prégnante, un vide émotionnel et affectif, etc. Le sommeil n’est pas de qualité, l’endormissement est laborieux et les réveils nocturnes sont possibles. C’est une phase où les réveils commencent à devenir pénibles avec parfois des envies de somnoler durant la journée.
Une sensation de fatigue physique et mentale commence à se faire ressentir et perdure. Il y a une baisse d’énergie associée à un manque d’entrain. On observe aussi une diminution des performances habituelles, en raison d’une baisse des capacités cognitives, à savoir : un déficit attentionnel, des difficultés de concentration et des problèmes de mémoire.
Phase 3 : symptômes d’une dépression légère
À ce stade, les symptômes de la dépression deviennent plus prononcés et affectent de plus en plus la vie quotidienne de la personne, tant dans sa vie professionnelle (ou scolaire) que personnelle.
anxieuse, elle rumine et est préoccupée par son avenir. Elle est tendue et peut avoir des palpitations, des tensions musculaires et les troubles du sommeil s’accentuent (insomnie ou hypersomnie).
Le sentiment de tristesse devient envahissant et plus intense, il est parfois associé à une profonde mélancolie : il y a une grande difficulté à retrouver des moments de joie et de bonheur. La personne peut commencer à ressentir du découragement, du désespoir et de l’impuissance.
Ses pensées négatives augmentent et son estime de soi baisse. Elle se juge de manière sévère, doute de ses compétences et de son utilité.
Le maintien des relations sociales de la personne devient de plus en plus difficile. Elle commence à s’isoler, le plus souvent par peur de se sentir incomprise ou par crainte d’être un fardeau pour les autres, et tout simplement parce que les interactions sociales la fatiguent (faire semblant de sourire, tenir des conversations).
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Phase 4 : symptômes d’une dépression modérée
Dans cette phase, les symptômes s’aggravent et ont un impact significatif sur la vie de la personne. Les sentiments de désespoir et de tristesse s’intensifient franchement et la perte d’intérêt pour les activités se poursuit.
Les problèmes de sommeil sont encore plus marqués, tels que l’insomnie et l’hypersomnie. Le plus fréquent est l’hypersomnie où la personne dort un nombre d’heure excessif. Peu importe le nombre d’heures de sommeil, la fatigue physique et psychique persistent et s’intensifient avec la sensation de n’avoir plus aucune énergie vitale. Des tâches ou des activités simples semblent demander un effort difficilement surmontable.
Les perturbations de l’appétit sont plus prononcées, il n’y a plus de plaisir à manger et les habitudes alimentaires sont désordonnées. La perte ou la prise de poids s’ensuivent.
A ce stade, les difficultés attentionnelles, les problèmes de concentration et de mémoire s’aggravent : suivre des conversations et prendre des décisions devient délicat voire périlleux.
L’ensemble de ces symptômes implique une difficulté à fonctionner « normalement », ce qui génère souvent des problèmes au travail ou à l’école (absence de productivité et de performance, erreur, absentéisme, conflits, exclusion, etc.), ainsi que des problèmes personnels familiaux, sentimentaux ou amicaux (en raison notamment de difficultés à exprimer ses émotions, à communiquer, etc.)
Phase 5 : symptômes d’une dépression sévère
Lorsque les symptômes de la dépression deviennent sévères, cela génère des perturbations extrêmes : la personne ne peut plus fonctionner « normalement », elle se sent dépassée par les exigences de la vie quotidienne. Chaque tâche devient très difficile à accomplir voire impossible : travailler, s’occuper de ses enfants, se lever le matin, se laver, s’habiller, manger, etc. Communiquer et interagir avec autrui demande également un énorme effort, à ce stade le dépressif évite les interactions sociales et se retire de son environnement habituel.
La personne éprouve de façon très intense des sentiments de tristesse, de désespoir et d’inutilité. Elle est sujet à une forte culpabilité complètement disproportionnée par rapport à la réalité de la situation : elle se blâme d’être dans cet état et de ressentir ce qu’elle ressent, elle a le sentiment d’être un fardeau pour ses proches.
L’ensemble de ces souffrances augmente le risque d’idées mortifères et le passage à l’acte suicidaire. La personne atteinte d’une dépression sévère peut vouloir disparaître et ne plus exister pour mettre un terme à sa souffrance.
A ce stade, il est vraiment essentiel d’avoir un accompagnement médical et psychiatrique pour évaluer la gravité des symptômes, assurer la sécurité de la personne et déterminer le plan de traitement le plus approprié. Un traitement médicamenteux, un parcours d’accompagnement intensif et un soutien constant sont souvent nécessaires.
Phase 6 : la rémission partielle
On parle de rémission partielle, lorsque les symptômes dépressifs diminuent. La personne ressent une amélioration générale de son état, avec une diminution de l’intensité des sentiments de désespoir, de tristesse et d’anxiété. Elle peut commencer à retrouver un intérêt pour certaines activités récréatives, retrouver plus d’aisance à faire les tâches du quotidien, reprendre le goût de voir du monde et d’interagir socialement, etc.
Cependant, la personne est encore dans un état de fragilité et certaines difficultés « résiduelles » persistent même si elles sont plus petites. Le patient est en bonne voie, mais le risque de rechute demeure, car les symptômes sont toujours présents bien qu’ils manifestent à un degré plus faible. La libération n’est pas complète, il est nécessaire de continuer les traitements thérapeutiques et médicamenteux préconisés par le psychiatre pour atteindre l’objectif final.
Phase 7 : rémission complète de la dépression
Dans cette phase, les symptômes de la dépression disparaissent complètement et la personne retrouve son état d’esprit habituel, avec une humeur stable et des émotions équilibrées. Les sentiments de désespoir, de tristesse et d’anxiété sont absents.
Elle retrouve son fonctionnement « normal » dans tous les aspects de sa vie. Il n’y a plus de difficulté pour effectuer les tâches quotidiennes, pour se concentrer, pour maintenir des relations sociales positives et pour profiter pleinement de ses activités.
Il est important de noter que la dépression peut réapparaître ultérieurement. Il est alors essentiel de rester attentif aux signes précoces d’un éventuel retour des symptômes dépressifs, et de prendre des mesures préventives en adoptant un mode de vie sain et équilibré. Ceci inclut d’avoir une bonne hygiène de vie : une certaine rigueur concernant son sommeil, son alimentation, la pratique d’une activité physique régulière, le maintien de relations sociales positives, et la poursuite d’un parcours d’accompagnement de soutien si nécessaire.
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En savoir plus sur l’état dépressif
La dépression peut toucher tout le monde, à tous les âges, de tous les milieux socio-économiques et de toutes les cultures. Les facteurs de risque, les déclencheurs, la manifestation des symptômes et les traitements peuvent varier d’une personne à l’autre.
N’importe qui peut-il tomber en dépression?
Certains facteurs augmentent le risque de développer une dépression : la prédisposition génétique, d’éventuels déséquilibres chimiques dans le cerveau, la psychologie et l’environnement de la personne.
Certaines personnes peuvent avoir une prédisposition génétique à développer une dépression, ce qui signifie qu’elles sont plus susceptibles d’en souffrir s’il existe des antécédents familiaux.
Des déséquilibres de certains neurotransmetteurs, tels que la sérotonine, la noradrénaline et la dopamine, peuvent jouer un rôle dans le développement de la dépression. Ces déséquilibres chimiques peuvent être influencés par des facteurs génétiques, des changements hormonaux, des facteurs environnementaux et d’autres influences.
Certains traits de personnalité, tels que des tendances à la rumination, à l’autocritique, à la négativité, ainsi que des troubles de l’estime de soi et autres troubles anxieux, peuvent augmenter la vulnérabilité à la dépression.
Enfin, des événements de vie stressants tels que la perte d’un être cher, des difficultés financières, des problèmes relationnels, des changements de vie importants ou des traumatismes peuvent déclencher ou contribuer au développement d’une dépression.
Est-ce que ces 7 phases concernent tous les dépressifs?
Les 7 phases de la dépression décrites dans cet article constituent un point de repère, c’est une description de l’évolution générale de la dépression. Chaque personne peut vivre la dépression de manière différente : les symptômes, la sévérité et la durée de l’état dépressif peuvent varier considérablement d’un individu à l’autre. Certaines personnes peuvent éprouver toutes les phases de manière linéaire, tandis que d’autres peuvent passer rapidement d’une phase à l’autre, ou même les vivre simultanément.
La dépression est un trouble complexe et il existe une grande diversité de formes cliniques. Le diagnostic et la compréhension de votre maladie doivent être évalués par un professionnel de la santé mentale.
Une personne atteinte d’un trouble de l’humeur est-elle nécessairement dépressive?
Une personne atteinte d’un trouble de l’humeur n’est pas nécessairement dépressive. Les troubles de l’humeur touchent à un large éventail de pathologies et la dépression en fait partie. Il existe d’autres troubles de l’humeur présentant des symptômes différents, par exemple :
– le trouble bipolaire de type I : il y a une alternance entre des épisodes dépressifs et des épisodes de « manie ». Les épisodes maniaques sont caractérisés par une exaltation de l’humeur, une augmentation de l’énergie, une impulsivité, une diminution du besoin de sommeil, etc. Il peut y avoir la présence de manifestations psychotiques : délires, hallucinations, etc.
– le trouble bipolaire de type II : c’est un sous-type du trouble bipolaire. Les épisodes dépressifs et les épisodes maniaques ou hypomaniaques sont moins intenses par rapport au trouble bipolaire de type I. Il n’y a pas de manifestations psychotiques.
– la cyclothymie : c’est un trouble de l’humeur chronique qui se caractérise par des fluctuations périodiques de l’humeur entre des périodes de symptômes dépressifs légers et des périodes d’hypomanie. Ces fluctuations sont moins intenses et moins sévères que celles observées dans les cas de trouble bipolaire de type II.
– des troubles de l’humeur causés par un problème médical sous-jacent : par exemple les troubles thyroïdiens, les maladies neurologiques, les lésions cérébrales traumatiques, etc.
– des troubles de l’humeur causés par des facteurs de stress ou événements traumatiques : le stress post traumatique (SPT) peut générer une labilité de l’humeur et des symptômes dépressifs.
– le trouble dysphorique prémenstruel : durant la phase prémenstruelle du cycle féminin, certains symptômes peuvent survenir, tels que l’irritabilité, des tensions, une labilité émotionnelle, la fatigue et la diminution de l’intérêt.
Pour la dépression, on parle de libération ou de rémission?
Généralement, on préfère parler de rémission plutôt que de libération. Lorsque l’on parle de libération, dans les esprits on pense que le problème est réglé définitivement sans aucune chance de le voir réapparaître.
Or, dans le cas d’une dépression, une probabilité de rechute est très présente. Le fait d’avoir fait une dépression augure d’une certaine vulnérabilité à l’état dépressif qui peut devenir récurrent, voire chronique.
Après avoir surmonté une dépression et avoir atteint la 7eme phase dite de « rémission complète », il est important de maintenir un bon équilibre de vie, et d’être attentif à d’éventuelles réapparitions de symptômes, afin de prévenir une rechute potentielle.
Sachez qu’il est tout à fait possible d’atteindre une « rémission prolongée » et de vivre une vie satisfaisante et épanouissante, même en ayant fait une dépression.
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Les traitements de la dépression
Les traitements d’une dépression peuvent varier d’un individu à l’autre, le psychiatre préconisera ce qui lui semble le plus adapté à votre situation.
Dans la plupart des cas, on recommande une approche pharmacologique avec des médicaments tels que les antidépresseurs et les anxiolytiques. Les antidépresseurs stimulent la sécrétion de sérotonine chargée de réguler l’humeur et les anxiolytiques diminuent les angoisses.
Par ailleurs, suivre une psychothérapie de soutien est également nécessaire pour remonter la pente. Un parcours d’accompagnement, c’est le maintien d’un lien social, c’est un sas de parole sécurisé pour exprimer toutes vos pensées, vos angoisses et vos émotions. Le travail thérapeutique permet de comprendre et d’identifier ce qu’il s’est passé et pourquoi vous en êtes arrivés là : c’est le meilleur outil pour prévenir une rechute, pour éviter de reproduire les circonstances ayant déclenché votre état dépressif, ou pour être désormais capable de mieux gérer émotionnellement certaines situations inéluctables (perte d’un être cher, rupture sentimentale, perte d’un emploi).
Connaître les 7 phases de la dépression permet de mieux comprendre comment un état dépressif s’installe et comment il évolue. On peut identifier trois paliers dans la descente dépressive avec des symptômes d’intensité faible, modérée et sévère. On observe une rémission en deux temps, périodes où les symptômes s’estompent petit à petit jusqu’à disparaître. On parle de rémission plutôt que de libération, car il y a des risques de rechutes voire de dépression chronique. C’est pourquoi il est important de se soigner correctement, de suivre les recommandations des professionnels et de se créer un cadre de vie favorisant votre équilibre émotionnel.
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