Dépression anaclitique
La dépression anaclitique (ou dépression du nourrisson) est un trouble psychologique spécifique touchant principalement l’enfant de moins de trois ans. Ce dernier réagit de moins en moins aux stimulations de son environnement, et ressent une profonde tristesse. En général, la survenue d’une dépression anaclitique chez l’enfant résulte d’un manque de soins appropriés à son égard ou d’un lien affectif perturbé avec la personne qui s’occupe de lui, notamment lorsqu’il a été séparé de sa mère ou de son parent. Cette séparation est source d’angoisse.
La psychiatrie s’intéresse de plus en plus à cette pathologie et à d’autres formes de dépression, car si elle n’est pas traitée, à terme, elle peut avoir de graves conséquences sur le développement de l’enfant, et sur son équilibre psycho-émotionnel. Vous trouverez dans cet article une présentation des causes, symptômes et possibilités de traitements de la dépression anaclitique.
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Dépression anaclitique, c’est quoi ?
La dépression anaclitique est un trouble spécifique observé chez les petits âgés de 0 à 3 ans. La cause principale est centrée sur un facteur environnemental à haut stress qui peut être soit sa séparation prolongée avec sa figure d’attachement (sa mère, son père, etc.) soit sa recherche inassouvie d’attention de la part de l’adulte.
Les travaux de René Spitz
Au 20ème siècle, le psychiatre autrichien René Spitz a mené des travaux importants dans le domaine de la psychologie du développement de l’enfant. Il est connu pour ses recherches sur l’importance des relations précoces mère-enfant et de son développement émotionnel.
René Spitz est à l’origine du concept de la dépression anaclitique, qui est un état dépressif pouvant survenir chez les nourrissons séparés de leur maman (ou de leur principal soignant) pendant une longue période. Cette situation implique un manque de stimulation émotionnelle et sociale vis-à-vis du bébé, ce qui peut avoir des répercussions sur sa vie, telles que des troubles de l’attachement et des troubles du développement.
Les signes principaux de cette dépression observés par Spitz sont la perte d’appétit, l’insomnie, l’apathie, le retrait social et les retards de développement.
Les recherches de Spitz mettent donc en évidence que les soins donnés et les interactions affectives partagées sont primordiales au bon développement de l’enfant.
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Dépression chez l’enfant : anaclitique ou infantile
La dépression infantile englobe une variété de symptômes dépressifs chez différentes tranches d’âge d’enfants, allant de la naissance à la majorité. Les troubles dépressifs infantiles sont causés par de multiples facteurs tels que le stress, les traumatismes, ou les problèmes de santé. En fonction de l’âge, enfants en bas âge (0-6 ans), jeunes enfants (6-12 ans) ou adolescents (12-18 ans) : il existe différents besoins et différents signes dépressifs.
La dépression anaclitique est une forme spécifique de dépression infantile observée chez les nourrissons (0-3 ans). La cause est spécifique : cela concerne des enfants qui ont été séparés de leur mère (ou figure d’attachement) pendant une période prolongée.
Dépression anaclitique : signes et symptômes
Les symptômes de la dépression anaclitique peuvent varier considérablement d’un nourrisson à l’autre. Toutefois, les signes les plus fréquemment observés sont :
L’ensemble de ces comportements doit vous alerter : en cas de doute consultez votre médecin afin d’effectuer un diagnostic. Dans certains cas graves, une hospitalisation peut être nécessaire.
Les causes de la dépression anaclitique
La dépression anaclitique est principalement causée par des facteurs environnementaux, toutefois dans de plus rares cas, des facteurs génétiques ou biologiques peuvent également jouer un rôle.
La dépression anaclitique chez l’enfant est le plus souvent induite par un manque d’attention et de soins appropriés, normalement pris en charge par la figure d’attachement principale (souvent la mère) pendant les premiers mois de sa vie. Cette privation émotionnelle et d’attention met à mal la relation de l’enfant avec les autres, ce qui a des incidences sur son état.
Cette carence peut intervenir pour diverses raisons, telles qu’une séparation précoce entre la mère et son enfant, une mère affectée par une maladie physique ou mentale (comme la dépression post partum), un environnement familial stressant ou instable, etc.
Dans ces deux derniers contextes, la maman peut ressentir des difficultés à établir un lien affectif fort avec son bébé, à répondre de manière adéquate à ses besoins ou à lui fournir l’interaction sociale et émotionnelle dont il a besoin pour se développer sainement. Cette carence de prise en charge de la mère peut aussi s’étendre chez le père. Il peut se sentir submergé par l’arrivée du nouveau-né, ou dépassé par les événements. C’est d’autant plus le cas si la mère a développé une dépression post partum ou une autre pathologie. Un nourrisson évoluant dans un contexte familial difficile ou maltraitant est plus à risque. C’est le cas, dans le cadre de violences domestiques, de pauvreté, de séparation ou divorce, du décès d’un membre de la famille proche, etc.
Les bébés qui subissent de nombreux changements de soignants peuvent ressentir un stress et des perturbations importantes. Il en est de même pour un enfant séparé de sa mère et placé en institutions de type orphelinat. Dans ces types de contextes, construire un attachement sain et une relation émotionnelle forte entre l’enfant et l’adulte, est particulièrement complexe. Il y a alors plus de risque pour l’enfant de développer à terme une dépression anaclitique.
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Traitement de la dépression anaclitique
Le traitement d’une dépression anaclitique varie en fonction de la situation de l’enfant et de la gravité de son état dépressif. L’objectif principal est de construire ou rétablir une relation stable et sécurisante pour l’enfant.
Il est nécessaire d’apporter de la stabilité au nourrisson pour son équilibre. Un adulte doit pouvoir lui apporter des soins constants et quotidiens pour lui donner un sentiment de sécurité. Il est bon que les parents demandent conseil auprès de professionnels de la petite enfance sur la manière d’interagir de façon positive avec leur nourrisson. Vous pouvez prendre contact avec une PMI, un pédopsychiatre, une puéricultrice, afin de mieux comprendre les besoins des enfants.
Une psychothérapie individuelle ou intrafamiliale peut aider à développer des relations saines, à gérer les émotions, et à traverser cette phase difficile. La thérapie familiale est bénéfique tant chez l’adulte que chez l’enfant.
Elle permet d’identifier et de résoudre des dysfonctionnements familiaux éventuels ayant pu contribuer à la dépression anaclitique. L’espace psychothérapeutique mis en place avec l’enfant peut inclure des jeux interactifs ou des activités d’éveil, et il a pour finalité d’améliorer son contact social et l’ensemble de sa vie .
En conclusion, la dépression anaclitique est un trouble grave qui nécessite une attention médicale immédiate. Dans la mesure où elle conduit à des retards cognitifs (langage, motricité) et à des retards de développement sociaux et émotionnels : la dépression anaclitique peut avoir des effets néfastes à court, moyen et long terme sur le développement de l’enfant. Avec un diagnostic précoce et un traitement, la plupart des enfants peuvent surmonter leurs symptômes et mener une vie saine et équilibrée par la suite.
FAQs
Dans le cas d’une dépression anaclitique diagnostiquée chez un enfant, est-ce que tous les membres de sa fratrie sont obligatoirement atteints de ce même syndrome ?
Non, car les liens d’attachement avec la mère (ou substitut maternel) sont différents pour chaque enfant, et se sont construits dans des circonstances différentes. Le suivi psychologique de l’ensemble de la famille en thérapie familiale permet un accompagnement qui évitera de « passer à côté » de troubles collatéraux éventuels chez les membres de la famille.
Dans le cas d’un enfant dont l’un des parents est décédé, comment cerner la différence entre manifestations dûes au deuil et symptômes d’une dépression anaclitique ?
Le deuil est un processus normal alors que la dépression anaclitique est une réaction pathologique à la perte du parent. Discerner une différence entre les deux est très délicat pour les membres de la famille de l’enfant, dans la mesure où eux même sont dans un processus de deuil. Consulter un professionnel de santé spécialisé comme un pédopsychiatre est l’option recommandée.
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Le concept de dépression anaclitique des jeunes enfants est-il une conséquence du mode de vie moderne?
On peut dire sans hésiter que non : dès la fin du XVIII ème siècle, des observations ont été faites par F.E. Fodéré sur la nécessité de faire bénéficier de « bonnes conditions affectives », et les bébés abandonnés et recueillis en orphelinat afin d’en « sauver un plus grand nombre de la mort ». En effet, il avait constaté que beaucoup mourraient prématurément bien que nourris correctement. La théorisation du concept et le terme de « dépression anaclitique » reviennent à Spitz : la diffusion de ses travaux s’est faite à partir de 1946.
Si elle n’est ni diagnostiquée ni soignée, comment évolue la dépression anaclitique ?
En l’absence de soin et sans modification positive de l’environnement familial, la dépression anaclitique peut évoluer vers une aggravation du repli sur soi de l’enfant et par conséquent à une absence d’interaction croissante avec son environnement. Sur le long terme, cela peut aboutir à un retard mental caractérisé.
Retrouve-t-on des formes de dépression anaclitique chez un adulte ?
Le concept de dépression anaclitique de l’adulte a été défini en extrapolant la dépendance de l’enfant à sa mère (ou substitut maternel). Il s’agit d’un état pathologique de dépendance d’une personne envers une autre personne, avec soumission passive à l’objet d’amour. Il peut aboutir, dans les cas les plus aigus, à des pulsions mortifères, avec des phases de dépression qui alternent avec des phases d’agression lorsque le déprimé sent (ou croit sentir) qu’il ne contrôle pas la personne objet de sa dépendance.
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